Où vont les richesses ?

Ceux qui gèrent la richesse dégagée par les travailleurs s’enrichissent-ils trop au détriment des plus faibles ?

Là, c’est une très grosse question !

Nous pouvons nous demander qui est capable de répondre avec exactitude tant tout le monde, spécialistes confirmés ou non, possède sa propre réponse. Si les économistes reconnus sont tous convaincus que c’est le propre et unique raisonnement de chacun d’eux qu’il faut adopter, alors nous ne sommes pas sortis de l’auberge des discutions pour se faire une idée précise et valable.

Comment les non-initiés que nous sommes, peuvent-ils faire pour ne pas être roulés dans la farine par ceux qui « prétendre savoir », nous parlent grâce aux médias et ne sont jamais d’accord ?

Alors, il va falloir se réveiller et même si certains ont abandonné et préfèrent vivre sans trop forcer, une grosse majorité travaille à créer de la richesse dont une grosse partie tombe dans l’escarcelle des mieux lotis qui ne font que la gérer et veulent que nous travaillons plus.

Remonter au fond de nous mêmes pour tenter de saisir la pulsion qui nous a incités à créer et faire partie d’une société, devrait permettre une meilleure compréhension des équilibres.

Inutile de se poser l’intellectuelle et barbante question de savoir s’il faut « Travailler pour vivre ou Vivre pour travailler », car personne ne veut mourir.

C’est la première évidence.

Et pour vivre, nous avons tout simplement des besoins minimum à satisfaire : Nourriture et protection. C’est là que débute la notion d’échange qui est à l’origine de nos sociétés actuelles.

Que ce soit pour l’homme ou pour les entités vivantes de la nature, le besoin de vivre les a contraints à s’associer. Pour ne citer que quelques exemples, il y a les fourmis, les loups, les orques, les singes,… Ils ont pu échanger des services, de la nourriture, des stratégies de chasse grâce à la sécurité apportée par les colonies, les clans, les bandes, les tribus, les familles … Je pense c’est le cas pour tous les organismes vivants, hormis peut-être quelques exceptions.

L’homme semble être le seul à avoir inventé l’argent pour faciliter les échanges.

Toujours est-il que ces échanges sont la seule et vrai raison d’existence de nos sociétés humaines et que les frais relatifs à la gestion de ces sociétés ou pays ne peuvent être financés qu’à partir de la richesse dégagée par la valeur de ces échanges.

Comment penser différemment ? Dans la réalité, il n’y a rien de gratuit. Un échange constitue toujours une valeur contre une autre même si elle n’est pas palpable. Le don du philanthrope lui restitue une valeur de satisfaction en retour. Ne serait-ce parce que cet acte dépend de sa propre responsabilité. Le résultat est le même que s’il allait voir un spectacle.

Le philanthrope ne peut pas exister seul ou sans communauté autour de lui.

Le terme « Gratuit » pour les échanges devient abusif car il comporte toujours une notion d’intérêt sous jacente qui valorise l’acte.

Dans tous les domaines, les échanges ou la consommation au sens général, génèrent de la plus value que ce soit directement ou indirectement. La plus grosse partie de celle-ci est d’ailleurs comptabilisée au niveau national dans le Produit Intérieur Brut. Un P.I.B. qui depuis 1980 n’a jamais cessé d’augmenter à part 2009 et 2020.

La richesse globale provenant de tous ces échanges qu’ils soient de services ou de produits progresse comme le montre le P.I.B. Il a été multiplié par 4,63 pendant cette période. On pourrait penser que la ressource des travailleurs les plus faibles a évoluée à égalité.

Dans cette période de temps, Le Smic n’a été multiplié que par 3,98 et le nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté est passé de 9,2 millions en 2019 à près de 12 millions en 2022. Notre déficit national chronique est passé à plus de 3 000 milliards d’euros.

Présenté comme cela, le constat est effarant.  Il nous montre que personne ne veut se soucier des plus nombreux de notre société et que les règles de partage pour une vie descente, établies par ceux qui sont les mieux placés (politiques, hauts fonctionnaires et décideurs très aisés), sont très loin d’être équitables. Il y a ceux qu’on utilise pour la production et ceux qui décident des restes à leur donner. Je n’exagère pas beaucoup.

Où vont donc les richesses du travail que les plus courageux fournissent ?

Réfléchissons : Ce ne sont pas les pauvres, ni ceux en dessous du salaire médian qui sont les responsables de ces « disparitions » de richesses sous prétexte que beaucoup d’entre eux sont aidés socialement.

Il faut plutôt comprendre que c’est la rétention de richesses de la part des décideurs toujours plus riches qui oblige notre système de société à trouver un équilibre. Là, il ne faut pas se leurrer, entre le montant des aides et le coût des infrastructures nécessaires à leurs attributions, le rapport est probablement de plus de 2 fois ce que cela couterait à ces décideurs de les payer tout de suite correctement. C’est le premier élément d’un manque de décision politique.

Sans compter que les responsables de cette logique de décision globale conservent cet argent pour eux mêmes, investissent les résultats dans leur patrimoine ou celui de leurs actionnaires et défiscalisent de belles sommes qui sont autant de volumes nationaux manquants à reconstituer par ceux qui restent, ou qui alimentent notre déficit national.

Quelque chose à peut-être pu m’échapper, mais même avec un cycle primaire d’études, je vois mal qui pourrait honnêtement dire que la logique de cette observation est erronée.

Nous avons vu que ce sont à partir des échanges que les coûts de gestion de la société peuvent être financés par le prélèvement d’un impôt. C’est le cas ; mais comme il y a déséquilibre, il serait bon de vérifier si tous les échanges sont concernés et génère une participation proportionnelle à leur valeur.

Il important de bien comprendre que chaque échange est une entité, même si son existence dépend d’un échange précédent. Aucun échange ne peut être réalisé sans le service et les infrastructures de notre société et ce service doit être contrebalancé. Les petits malins vont dire que tous les échanges subissent la T.V.A.

C’est faux ;

Il y énormément d’échanges qui échappent à la T.V.A. Tous les actes de santé qui sont des échanges de services, ne sont pas taxés. La lecture du livre « arrêtons les conneries » ou une recherche sur internet va vous confirmer que la liste est éloquente et qu’elle concerne des secteurs d’activité dont les acteurs sont loin d’être dans le besoin.

Mais ce n’est pas tout.

Ce qui est taxé dans l’échange, c’est seulement la valeur ajoutée. Quand il n’y en a pas, l’échange consomme une partie des richesses que les autres échanges ont fournit pour financer les structures du pays nécessaires à ces transactions.

L’objectif d’une entreprise reste de générer beaucoup d’échanges ou des échanges de grandes valeurs pour avoir plus de bénéfices. C’est la même chose pour les personnes physiques. Cette logique est saine, il n’y a aucun reproche à faire. Selon toute attente, nous devrions retrouver une répartition des volumes d’impôts proportionnelle à la représentation des richesses dans les différents déciles de notre société.  

Ainsi, ceux qui génèrent beaucoup d’échanges ou des échanges de grandes valeurs vont être plus imposables que les autres pour avoir amassé beaucoup de revenu à travers les multiples transactions qui passent par leurs entreprises.

Ce qui devrait être le cas des derniers déciles de la société en termes de revenu.

Pour simplifier la réflexion, nous allons parler du dernier décile, les 10 % de français qui ont les plus gros revenus et qui devraient financer une proportion au moins équivalente dans l’ensemble des impôts. Ces citoyens fournissent 70 % du total des « impôts sur le revenu » selon la direction générales des finances publiques. Mais cela ne représente en réalité que 50 milliards, soit à peine 7% de la totalité des 685 milliards d’euros d’impôts prélevés par l’état en 2018. Or ce décile cumule un revenu brut disponible de plus de 1 000 Milliards d’euros alors que les 9 autres déciles réunissent seulement 420 milliards. Si vous faites le ratio, les premiers payent une juste contribution et ne sont pas moins bien lotis que les deuxièmes à ce poste d’impôts sur le revenu.

Type d’impôts en milliards d’euros2018%
Taxes du type TVA (1)168,924,69%
Impôts et droits sur les importations, à l’exclusion de la TVA2,80,41%
Impôts sur les produits, à l’exclusion de la TVA et des impôts sur les importations112,216,40%
   dont :  
   taxe de consommation sur les produits énergétiques31,94,66%
   taxes sur les tabacs13,21,92%
Impôts sur les salaires et la main d’œuvre36,45,32%
   dont taxes sur les salaires13,3 
Impôts divers sur la production72,210,55%
Impôts sur le revenu (2)254,537,21%
   dont :  
   contribution sociale généralisée (CSG)125,318,32%
   contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)7,51,10%
   impôt sur le revenu des personnes physiques (2)73,810,79%
   impôts sur les sociétés y compris majoration et frais de poursuite (2)28,54,17%
Autres impôts courants22,73,31%
   dont :  
   taxe d’habitation16,92,47%
   impôt de solidarité sur la fortune (ISF)1,80,27%
Impôts en capital14,42,10%
   dont mutation à titre gratuit14,32,09%
   
TOTAL684,0 
(1) : le montant total de la TVA excède légèrement le montant présenté ici. En effet, seule la partie classée en « impôts de type TVA » figure ici. La TVA sur les subventions, au titre de la sous-compensation agriculture, est reclassée par l’Insee en autres impôts sur la production.  
(2) : l’impôt sur le revenu des personnes physiques et l’impôt sur les sociétés sont présentés nets des crédits d’impôts.  

Ce serait mal vu si l’état leur faisait des réductions sous le prétexte qu’ils gagnent trop !

Mais à votre avis, qui paye les 611 milliards restants ?

Ces impôts sont pour la plupart dépendants de la consommation sous toutes ses formes. Là, c’est 100% des français qui les financent. A travers leur consommation, les déciles les plus faibles restituent les fameuses aides sociales qui leurs permettent de s’en sortir artificiellement. S’ils avaient un salaire cohérent, l’état ne serait plus obligé de les aider.

Les déciles supérieurs feraient un peu moins de bénéfice et paieraient un peu moins d’impôts. Au global, la partie administrative de cette gestion n’aurait plus raison d’être. Ce serait un bénéfice pour tout le monde.

Concernant ce gros morceau des impôts, le dernier décile y participe comme les autres à travers ses consommations. Ses dépenses indispensables sont plus importantes que la moyenne du fait de son aisance financière mais les autres déciles qui sont 9 fois plus nombreux, cumulent le même type de dépenses et du fait de la multitude qu’ils représentent, ils génèrent beaucoup plus d’impôts indirects.

Même si le premier décile dépense un peu plus que les autres, il investit le reste de ses revenus dans son patrimoine et en profite pour soulager ses propres impôts par de la défiscalisation. Au bout du compte, il en reste beaucoup pour ce décile. Plus on descend dans les déciles inférieurs, plus cette dynamique s’inverse au point que les derniers déciles n’ont pas assez pour vivre avec le revenu de leur travail.

Et il est vrai que ce sont ceux qui appartiennent aux déciles supérieurs qui quantifient les salaires les plus bas en ne donnant pas plus et décident indirectement des aides de l’état à travers les ressources de l’impôt. Ils ont trop souvent les postes décisionnaires.

Malgré tout, certains politiques en mal de financement, vont être suffisamment fourbes pour ne présenter que la tranche des 10% qui règle 70% de l’impôt sur le revenu comme si c’était une injustice.

Le graphique qui suit montre qu’ils ont de grosses lacunes dans leur raisonnement.


Ils devraient quand même se méfier. Il ne faut pas prendre les gens de ce décile pour les imbéciles qu’ils ne sont certainement pas. Ils savent bien que le système n’est pas cohérent.

Ils profitent de l’incompétence et de la sournoiserie de ces politiques qui ne sont pas capables de faire du bon travail en proposant des solutions de partages plus efficaces qui permettraient aux déciles les plus faibles de vivre correctement sans être aidés.

Surtout que nous avons vu dans le dossier précédant, que le prétendu rattrapage en pourcentage du SMIC ne fait que diminuer le pouvoir d’achat des plus faibles et qu’il confère, aux déciles les mieux lotis, la véritable responsabilité de l’inflation des prix.

Je suis persuadé que la majorité de ceux qui constituent les étages aisés de notre société aiment leur pays et qu’ils ne le quitteraient pas s’ils devaient gagner un peu moins.

Maintenant, il est facile de voir que le résultat des échanges remonte inexorablement toujours vers les couches les plus hautes.

Sans le travail de ces millions de gens, personne ne pourrait bénéficier des résultats qui ne ruissellent pas vers les couches les plus basses.

Une réforme des retraites ne changera rien dans cette synergie constamment dégradante pour les plus faibles. Par contre, le fait de travailler plus longtemps, va grandement améliorer le confort des déciles les plus élevés puisque le modèle économique de base ne change pas ! Comme toujours, il continuera de drainer les richesses vers le haut.

Je ne veux pas croire qu’il existe une cabale organisée, mais on peut réellement se demander si ce n’est pas le but recherché par les sphères bien pensantes de la société tant elles semblent avoir des œillères et ne veulent jamais remettre en cause les idées révolues d’un autre âge.

Il est certain que si l’on ne transforme pas la croissance des salaires et des revenus par des augmentations en valeurs fixes identiques pour tous à la place des progressions en pourcentage, la société continuera de créer toujours plus de pauvreté.

Pour que tout le monde participe à égalité au financement des impôts relatifs à la gestion de notre société et s’en sente partie prenante, il faut aussi qu’une partie de la valeur de chaque échange y soit affecté directement.

Il y a bien sûr plein d’autres choses à faire, mais déjà, si on commençait par « Arrêter les conneries » de base…

Le travail de communication et d’explication à produire pour faire comprendre ces principes est gigantesque.

En diffusant ce dossier, si ces idées vous plaisent, il n’y a rien d’autre à attendre que le sentiment de participer à la construction d’un véritable bien être collectif.

Et on s’en fout de la notoriété…

Merci.


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