Le royaume de l’hypocrisie

En premier lieu : des évidences qui ne trompent personnes.

Depuis des décennies, l’organisation de nos sociétés est étudiée sous toutes les coutures. Pourtant, les politiciens qui se succèdent remodèlent sans arrêt le calcul des prélèvements obligatoires. Chaque nouvelle réforme est sensée éviter les déficits décennaux.

Mais leur rythme est pratiquement quinquennal et personne ne s’étonne. Le leitmotiv : il va manquer beaucoup d’argent ! La faute à ceux qui les ont précédés et qui ont mal anticipé.

Tous ces politiciens qui se suivent et se dénigrent à qui mieux-mieux ne semblent pas capables d’établir des règles économiques qui permettraient à la société de s’autoréguler.

Comme ils prétendent tout connaître, ce n’est sans doute pas leur objectif.

Alors, à qui faire confiance ?

Notre société génère pourtant beaucoup de richesses depuis très longtemps.

Comme on peut le voir, sur plus de 70 ans, le produit intérieur brut a bien progressé. Mise à part 4 petits accidents sur cette période, son évolution est quasi constante.

Pour la petite histoire, il a été multiplié par plus de 4,5 fois depuis 1980.

Là, il s’agit bien de la richesse dégagée par les efforts de tous les travailleurs quelques ils soient. Du Balayeur au Chirurgien, du Cantonnier au plus haut fonctionnaire d’Etat, du Marchand de frites au Directeur général de la banque de France, du Rempailleur de chaises au grand patron d’une multinationale, chacun y participe en échangeant ce qu’il sait faire contre des valeurs qui vont lui permettre de concrétiser d’autres échanges pour ses propres besoins.

Cette explication est très importante et n’a rien de péjorative car nous avons besoin du savoir faire de tout le monde. Pour tempérer le débat, je dirai que si le balayeur peut avoir la passion de son travail, le chirurgien n’est pas obligatoirement et uniquement exalté par les richesses qu’il échange contre son savoir.

C’est grâce à l’espace sécurisé de notre communauté, que nous pouvons échanger nos compétences en toute tranquillité.

Question : mais avec ce cumul des richesses qui augmente inéluctablement chaque année, comment se fait-il que notre société amasse autant de membres sous le seuil de pauvreté et ce, malgré le propre travail de ces derniers ?

Leurs compétences sont bien admises puisque les richesses qui s’en dégagent sont utilisées par le besoin d’autres acteurs. S’ils n’arrivent pas à vivre correctement, c’est que l’échange n’est pas équilibré par rapport aux compétences qu’ils fournissent. L’acteur, avec qui ils échangent, se garde bien de créer lui-même ces nouvelles richesses. Il préfère les gérer en pratiquant d’autres échanges plus profitables mais considère récompenser suffisamment les échanges amonts même s’il est démontré que ses pourvoyeurs sont sous le seuil de pauvreté.

En réalité c’est près de 40% de ménages qui sont en dessous du salaire médian et qui galèrent pour vivre et se loger malgré les richesses qu’ils produisent. Richesses qui sont gérées par les classes supérieures pour leurs propres comptes. Ce sont ces classes supérieures qui récupèrent 90 % de l’évolution des revenus à chaque augmentation du SMIC.

Même si elles freinent ce qu’elles appellent « rattrapage des salaires faibles » (il est facile pour elles d’attendre), elles sont alors responsables à 90% de l’inflation qui en résulte.

Dans la cinétique de notre système économique, la richesse ne profite pas à ceux qui la créent mais à ceux qui la gèrent. Et plus nous nous élevons dans la hiérarchie, plus le profit est exponentiel.

 Bien peu de monde veut décrire les choses comme elles sont en réalité. Il faut dire que ce n’est pas très flatteur pour une classe qui a une haute estime d’elle-même.

Quelques soient les décideurs, politiques, haut-fonctionnaires, millionnaires, lobbies, ils avantagent toujours les classes supérieures à travers les décisions d’état.

C’est vrai qu’ils sont bons gestionnaires ; ils ne mélangent pas les profits pour leurs comptes en terme de défiscalisation par exemple et laissent aller généreusement le déficit publique. Ils écrivent la loi pour récupérer des richesses et considèrent que c’est le peuple qui devra rembourser les 3000 milliards d’euros de déficit.

Si seulement tous les citoyens finançaient le coût de gestion de l’ensemble de notre société au prorata des richesses que chacun en retire tout en vivant correctement, il n’y aurait rien à redire.

C’est malheureusement loin d’être le cas et le phénomène n’arrête pas de s’amplifier sans qu’aucun de ceux qui se proclament décideurs ne veuillent véritablement chercher une solution définitive et équilibrée.

Il est vrai que les 60 % mieux lotis ne se soucient pas trop des autres. Se posent-ils seulement des questions à ce sujet ?

Dans cette population les plus nombreux se bornent à répéter les similis vérités diffusées dans les médias et considèrent que le travail d’analyse est déjà fait par leurs représentants.

D’ailleurs ils ne vont surtout pas les pénaliser électoralement pour le manque de résultat évident qui ne les touche surtout pas. Au pire, ils vont manifester leur mécontentement si on leur demande de travailler deux ans de plus pour avoir la retraite alors que dans cette affaire les plus touchés sont encore ceux du bas de l’échelle.

Ne leur demandez donc pas d’investir dans des idées d’équilibre social, ils considèreront que c’est le travail de ceux qu’ils ont élu et ils combattront les idées que vous avez dans ce sens refusant de les écouter. Leur sens du courage et du partage, c’est de ne pas vouloir comprendre qu’un équilibre est possible. Ainsi, l’ignorance qu’il s’attache à conserver les disculpe de leur responsabilité citoyenne.

Et puis comme exemple à suivre, vous avez l’ultime censeur qui ne parle que d’obéissance dans la loi écrite mais qui permet tous les pardons du monde.

C’est quand même un peu, le royaume de l’hypocrisie, vous ne trouvez pas ?

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